Peace Symposium 2017 du Royaume Uni – 25 mars 2017 | 25.03.2017
Le Calife de la Communauté Ahmadiyya, Hadhrat Mirza Masroor Ahmad, a remis à Mme Setsuko Thurlow, une survivante de Hiroshima et activiste pour la paix, le Prix musulman Ahmadiyya pour la Promotion de la Paix, en reconnaissance de ses efforts remarquables pour faire campagne en faveur du désarmement nucléaire, au cours du 14ème Symposium national de la Paix organisé par la Communauté musulmane Ahmadiyya du Royaume-Uni le 25 mars 2017 à la mosquée Baitul Futuh à Londres devant un parterre d’invités.
Dans son discours prononcé à cette occasion, le Calife a condamné l’attentat terroriste du 22 mars 2017 à Londres comme une ‘atrocité barbare’ et a qualifié toutes les formes d’extrémisme et de terrorisme de violation totale des enseignements islamiques. Il a également fait part de ses craintes au sujet des guerres incessantes dans le monde musulman et des tensions croissantes dans le reste du monde. Il a également appelé les puissances mondiales à freiner la vente d’armes.
« Tout d’abord, je voudrais adresser mes plus sincères condoléances à tous ceux qui ont été touchés par l’attentat terroriste de mercredi dernier à Westminster. Nos pensées et nos prières accompagnent les gens de Londres dans ce moment tragique. Au nom de la Communauté musulmane Ahmadiyya, je tiens à préciser clairement que nous condamnons tous ces actes de terrorisme et nous adressons nos sincères condoléances aux victimes de cette barbarie » a commencé Hadhrat Mirza Masroor Ahmad.
Il a ajouté qu’il était très regrettable que des groupuscules extrémistes musulmans aient transformé certaines mosquées et madrasas en ‘centres d’extrémisme’, ce qui nourrit la crainte et les idées fausses sur l’Islam chez les non-musulmans. « Bien au contraire, » a affirmé le Calife, « une partie inhérente du culte de Dieu est de servir l’humanité et de vivre en paix avec les peuples de toutes les croyances et religions. »
Sur la base de ces enseignements islamiques, a poursuivi le Calife, la Communauté musulmane Ahmadiyya a établi des projets humanitaires dans diverses parties du monde, chacun servant l’humanité et apportant un secours et aide à ceux qui en ont besoin : « Nous avons établi des hôpitaux, des écoles et des collèges qui fournissent des soins médicaux et de l’éducation dans certaines des régions les plus pauvres et éloignées du monde. Nous ne cherchons pas d’éloge pour ces actions, notre seul désir est d’aider ces personnes à se remettre sur pied afin qu’elles puissent réaliser leurs espoirs et leurs aspirations et vivre en paix avec dignité et en toute liberté. De cette façon, loin d’être frustrés et enclins à l’extrémisme, ils deviendront des citoyens responsables et fidèles à leurs nations. Lorsqu’ils s’émanciperont personnellement, ils aideront aussi leurs nations à progresser et inspireront les autres à suivre leurs traces ».
Le Calife a déclaré que malgré les enseignements de l’Islam qui proscrivent catégoriquement les attaques aveugles ou les meurtres, beaucoup de gens associent l’Islam à la violence ou à la guerre : « Peu importe ce que prétendent les terroristes, en aucun cas ne seront jamais justifiés des attaques aveugles ou des meurtres. L’Islam a inscrit le caractère sacré de la vie humaine au chapitre 5, verset 33 du Saint Coran, qui stipule: ‘Quiconque tuera une personne – ce sera comme s’il avait tué l’humanité toute entière. Et celui quiconque donnera la vie à une personne, ce sera comme s’il avait donné la vie à l’humanité toute entière.’ L’Islam est une religion qui a toujours sacralisé les principes universels de liberté de religion, de liberté de conscience et de liberté de croyance. Par conséquent, si aujourd’hui il y a des groupes ou des sectes dits musulmans qui tuent des personnes, cela ne peut être que condamné dans les termes les plus forts possibles. Leurs actes barbares sont une violation complète de tout ce que représente l’Islam. »
Le Calife a également parlé de certains individus ou groupes parmi les non-musulmans qui ‘attisent la division et l’hostilité’ et cité un article de la Foreign Policy (politique étrangère) qui qualifiait l’islamophobie d’une ‘industrie’ en soi. Il a appelé les dirigeants mondiaux à parler avec sagesse et intégrité en tout temps : « Malheureusement, nous entendons souvent des politiciens et des dirigeants faire des déclarations inutilement provocateurs qui ne servent pas la vérité, mais leurs propres intérêts politiques. »
Hadhrat Mirza Masroor Ahmad a rejeté l’allégation soulevée par certaines personnalités à l’effet que le Saint Prophète Muhammad (paix soit sur lui) avait massacré ceux qui n’acceptaient pas accepté l’Islam. Il a rappelé que le Fondateur de l’Islam (paix soit sur lui) n’avait combattu qu’en dernier recours pour défendre l’institution de la religion et établir le principe de la liberté de croyance universelle : « L’allégation selon laquelle le Saint Prophète (paix soit sur lui) était un leader belligérant ou un belliciste est une injustice et une cruauté de l’ordre le plus élevé et de telles affirmations aussi dérisoires ne peuvent que faire souffrir le cœur des millions de musulmans pacifiques dans le monde entier. L’histoire témoigne du fait que de chaque fibre de son être, le Prophète de l’Islam (paix soit sur lui) avait toujours cherché la paix et la réconciliation. »
Le leader de la Communauté Ahmadiyya a affirmé cependant qu’il y avait des journalistes et des personnalités qui ‘nageaient contre la marée du mensonge’ en écrivant sur l’Islam avec justice et intégrité, et cité Ruth Cranston, éminent écrivain du XXe siècle, qui a écrit dans son livre de 1949, World Faith : « Muhammad (p.s.s.l) n’a jamais initié de combats et des effusions de sang. Chaque bataille qu’il a menée était en réplique. Il lutta défensivement pour survivre. »
Le Calife a également loué la déclaration du Premier ministre, Theresa May, après l’attaque de Westminster : « Je voudrais féliciter notre honorable Premier ministre d’avoir cité quelques versets du Saint Coran et condamné certaines accusations portées contre les enseignements islamiques. »
Evoquant l’une des causes de l’extrémisme, Hadhrat Mirza Masroor Ahmad a déclaré qu’un certain nombre de rapports suggèrent que certains jeunes musulmans avaient été radicalisés car ils estimaient que leurs croyances religieuses avaient été moquées et ridiculisées dans le monde occidental : « En aucune façon cela ne les justifie ou ne les excuse et ils demeurent coupables et responsables de leurs actions. Pourtant, le bon sens voudrait que l’on ne verse pas d’essence sur une flamme nue. Au contraire, nous devrions chercher à se comprendre mutuellement, à respecter les croyances d’autrui et à essayer de trouver un terrain d’entente. »
Il a ensuite mentionné le ‘principe d’or pour l’avancement de la paix’ mentionné au chapitre 3, verset 65 du Saint Coran, qui encourage les gens à se concentrer sur les croyances qui les unissent en recommandant: « Venons-en à une décision juste entre vous et nous […] Ainsi, le Coran nous a enseigné comment construire une société multiculturelle pacifique, où les gens de toutes les croyances et confessions sont capables de vivre côte à côte. Les ingrédients clés sont le respect mutuel et la tolérance. »
Se référant au thème du Symposium de la Paix 2017, ‘Les conflits mondiaux et la nécessité de la justice’, le Calife a déclaré que le manque de justice avait « rongé tous les segments de la société » et que s’il était indéniable qu’aujourd’hui que certains pays musulmans étaient « l’épicentre des guerres et des cruautés », il était faux de dire que le reste du monde était à l’abri du désordre.
Le Calife a cité de nombreux rapports indiquant des tensions accrues entre les États-Unis et la Chine, et de même entre les États-Unis et la Russie.
Soulignant l’importance de l’humanité de s’unir, Hadhrat Mirza Masroor Ahmad a déclaré: « Le besoin de notre époque est pour nous de renverser les barrières de la peur qui nous divisent. Plutôt que d’ériger des murs qui nous séparent, nous devrions construire des ponts qui nous rapprochent… Nous devons lutter contre toutes les formes d’oppression, de haine et utiliser toutes nos capacités pour essayer de promouvoir la paix dans le monde. Malheureusement, avec le temps, il semble que nous perdons notre capacité d’écouter et de tolérer des points de vue et des perspectives opposés. Ouvrir les canaux de communication et faciliter le dialogue est essentiel, sinon le malaise du monde ne deviendra que plus profond… Au lieu de pointer du doigt et de se blâmer les uns les autres, il est temps de trouver des solutions. »
Par la suite, il a condamné le commerce international d’armes, qui, selon lui, était un moyen d’alimenter la guerre et de faire en sorte que le monde soit coincé dans un cycle perpétuel de violence : « À mon avis, il existe une solution prête à l’emploi qui peut avoir un impact instantané et initier le processus de guérison du monde. Je me réfère au commerce international des armes, qui, je crois, doit être freiné et limité. Bien que l’intérêt primordial de chaque nation soit le bien-être de l’humanité et la réalisation de la paix, il est triste de constater que les intérêts des entreprises et la poursuite de la richesse ont invariablement priorité sur ces préoccupations. »
Il a estimé que l’argument selon lequel la vente d’armes pouvait ‘encourager’ la paix en agissant comme un ‘dissuasif’ était ‘totalement insensé’ et a affirmé que de telles justifications avaient « fait que le monde s’emmêle dans une course sans fin aux armements ». Il a également déclaré qu’aucune nation ne devrait penser qu’elle est « à l’abri du danger » parce que l’histoire a enseigné que les guerres « évoluaient rapidement et souvent de façon inattendue »
Puis, il a mis en garde contre les risques d’une guerre nucléaire qu’il a qualifié d’inimaginable et a appelé l’humanité à réfléchir longuement sur le monde qu’elle souhaitait léguer aux générations futures.
Parlant des conséquences potentielles d’une autre guerre mondiale, Hadhrat Mirza Masroor Ahmad a réitéré: « Plutôt que de laisser derrière nous un héritage de prospérité pour nos générations futures, nous serons coupables de ne laisser derrière nous uniquement le chagrin et le désespoir. Notre don au monde sera une génération d’enfants handicapés, nés avec des défauts et une déficience intellectuelle. Qui sait si leurs parents vont eux-mêmes survivre pour les soigner et les nourrir? Rappelez-vous toujours que si nous cherchons à poursuivre nos intérêts à tout prix, les droits d’autrui seront usurpés et cela ne peut que conduire à des conflits, à des guerres et à la misère. Nous devons tous réfléchir et comprendre le précipice sur lequel nous nous trouvons. »
Concluant, Hadhrat Mirza Masroor Ahmad a prié: « Mon message au monde est de regarder demain, et pas seulement aujourd’hui. Laissons derrière nous un héritage d’espoir et d’opportunité pour nos enfants, plutôt que de leur imposer les terribles conséquences de nos péchés. Je prie pour que Dieu donne de l’entendement aux peuples du monde et que les nuages lourds qui se dressent au-dessus de nous cèdent la place à un avenir brillant et prospère. »
Plusieurs dignitaires ont également parlé de l’importance de la paix et de l’état critique du monde d’aujourd’hui avant le discours du Calife.
Rafiq Hayat, le Président national de la Communauté musulmane Ahmadiyya du Royaume-Uni, a offert ses condoléances aux victimes de l’attaque de Westminster et a rendu hommage au PC Keith Palmer qui a sacrifié sa vie pour défendre la démocratie nationale.
Silvio Danio, le Directeur exécutif de ‘Religions pour la Paix’, d’Italie, a déclaré: « Je tiens à vous remercier, Votre Sainteté, d’une manière très particulière, parce que, pour avoir souvent écouté vos discours et vos très nombreuses interventions dans de nombreuses parties du monde, vous avez non seulement été un promoteur, vous avez non seulement été un créateur de ce dont nous avons grandement besoin aujourd’hui, à savoir une culture du dialogue, vous en avez été un champion, vous êtes un exemple. »
Mme Setsuko Thurlow, récipiendaire du Prix musulman Ahmadiyya pour la Promotion de la Paix, a déclaré: « En essayant de connaître l’histoire, la mission et les activités de votre organisation, j’ai appris avec douleur votre lutte et la manière dont vous souffrez de discrimination religieuse et de persécution. Pourtant, malgré cela, vous avez choisi les principes de la non-violence, de la paix et de la justice et les illustrez dans votre vie quotidienne à travers votre devise d’Amour pour tous, haine pour personne. Quel modèle éclairé vous êtes pour la communauté mondiale. »
Plus loin, le Père David Standley, représentant l’Archevêque de Southwark, a lu un message du Vatican à l’intention du Symposium de la Paix.
L’événement s’est terminé par une prière silencieuse dirigée par le Calife.
Avant et après l’événement, le Calife a rencontré personnellement divers dignitaires et invités et a également tenu une conférence de presse avec des représentants des médias.