La prière
La prière est commune à toutes les religions. Ce qui diffère est la manière et le style de l’adoration. La prière musulmane a ceci d’unique qu’elle contient des caractéristiques d’autres formes de prière qu’on retrouve dans d’autres religions. Certaines personnes prient Dieu dans une posture debout, d’autres dans une posture assise. Dans certaines religions, les gens se remémorent de Dieu en s’agenouillant pour Lui, tandis que d’autres se prosternent devant Lui. Certains se tiennent devant Lui, les bras croisés, d’autres les bras ballants à leurs côtés. En bref, il n’y a pas une forme de prière unique commune à toutes les religions dans leur ensemble. Il est fascinant de constater cependant que l’Islam instruit ses disciples sur la façon de prier de manière si exhaustive que toutes les postures de prière qu’on retrouve dans d’autres religions sont symboliquement représentées dans la prière musulmane. Un autre pas en avant, semble-t-il, pour l’avènement d’une ère de la religion universelle.
L’institution de la prière musulmane est un système des plus développés, couvrant tous les besoins de l’homme. Il est à souligner d’abord et avant tout que le but de la prière ne se résume pas à se courber devant un Etre supérieur et rendre hommage à Sa Grandeur, comme si Dieu avait créé l’homme uniquement pour assouvir Son désir égoïste d’être glorifié. Il est évident, dans tous les aboutissements mentionnés dans le cadre de la philosophie de la prière et la manière dont un musulman est tenu d’effectuer sa prière, que le bénéfice de la prière va à l’adorateur lui-même et en aucun cas ne peut celle-ci être considérée comme une faveur à Dieu. Le Saint Coran déclare que Dieu ne se trouve dans le besoin des prières des hommes. Il est si Grand dans sa noblesse et si Sublime dans son caractère que les louanges de ses créatures n’ajoutent rien que ce soit à Sa magnanimité et Sa majesté. Le Saint Prophète de l’Islam (p.s.s.l) déclara une fois que si l’humanité toute entière se détournait de Dieu et commettait les pires péchés possibles, tous et chacun, ils ne diminueraient aucunement Sa grandeur universelle, à l’instar de quelqu’un qui plonge une aiguille dans un vaste océan, l’eau retrouvée à la surface de l’aiguille dépasserait bien plus ce que les péchés de l’humanité entière pourraient enlever à la gloire de Dieu.
Ainsi, la prière dans le Saint Coran n’est prescrite que pour le bien de l’adorateur lui-même. C’est un vaste sujet, et nous n’illustrons ici que quelques points de ce qui est mentionné dans le Saint Coran et les traditions du Saint Prophète de l’Islam (p.s.s.l).
Se souvenir de Dieu et méditer sur ses attributs pendant la prière aide l’homme à affiner son esprit, le ramenant plus en harmonie avec la nature de Dieu. Ceci est au cœur de la prière islamique. L’homme a été fait à l’image de son Créateur et il doit toujours s’efforcer à chercher Sa proximité. C’est une leçon de noblesse ultime. Ceux qui se forment à penser comme Dieu et d’agir comme Lui dans les limites de la sphère humaine améliorent constamment leur rapport à tous les autres êtres humains et même à d’autres formes de vie.
Sur le plan humain, ceci peut mieux être appréhendé en le comparant à l’attitude d’une mère envers ses enfants. Pour celui qui gagne vraiment la proximité d’une mère, tout ce qui sera cher à la mère sera naturellement cher à lui aussi. Acquérir l’attitude du créateur est comme acquérir l’attitude d’un artiste envers ses œuvres d’art. Il est impossible pour un être d’avoir la proximité de Dieu et de se distancer de sa création. Une fois encore, le terme utilisé pour la prière dans le Coran est dérivé d’un mot qui est si important et si différent des termes utilisés dans d’autres religions. Ain, Be, Dael (‘A’, ‘B’, ‘D’) sont les trois lettres racines qui ont comme définition fondamentale : l’esclavage. Comme un esclave qui perd tout à son maître et le suit à tous les égards, l’adorateur musulman doit faire de même dans sa relation à Dieu. L’infinitif utilisé pour la prière a la connotation de suivre les traces de quelqu’un. Il s’agit de la manière ultime de copier les attributs de Dieu. Le Coran dit également :
Assurément, la Prière retient l’homme de l’indécence et du mal manifeste […] (Ch. 29. V 46)
Ce verset a des connotations à la fois positives et négatives, les deux étant très essentielles pour cultiver la conduite humaine idéale. Ainsi, dans sa connotation négative, elle aide l’adorateur à se libérer des péchés de tous types. Dans sa connotation positive, il éduque l’homme, amende son caractère et cultive ses qualités jusqu’à une telle splendeur qu’il devient digne de la communion avec Dieu.
Un autre domaine qui est très important à cet égard est le rôle que joue la prière dans le développement de son âme. Selon l’Islam, chaque âme humaine dans sa relation avec le corps humain charnel peut être comparé à un enfant dans l’utérus de la mère. Pour donner naissance à un enfant en bonne santé demande qu’un grand nombre d’influences soient constamment déplacées de la mère à l’embryon, et à l’enfant à un stade ultérieur. Si les influences de la mère sur l’embryon sont malsaines, l’enfant naîtra congénitalement malade; si elles sont saines alors l’enfant naîtra en parfaite santé. De toutes les influences qui sont à l’œuvre dans la fabrication et la modification de l’âme humaine, la prière est le facteur le plus important.
L’institution de la prière islamique est si riche en profondes leçons qu’on ne retrouve pas dans d’autres religions même dans une moindre mesure. L’Islam recommande que les prières soient effectuées à la fois collectivement et individuellement. Les prières collectives sont étonnamment bien organisées et significatives.
Il y a un guide qui dirige la congrégation dans toutes les prières collectives. Ce guide n’est pas un prêtre ordonné; quiconque est considéré digne de cette tâche est choisi pour officier comme ‘imam’. L’assemblée est priée de se tenir en rangées dans des lignes parfaitement droites derrière l’Imam, chaque adorateur debout l’un près de l’autre, épaule contre épaule, sans aucune distance entre les deux. Ils suivent l’imam strictement dans tout ce qu’il fait. Quand il s’incline ils s’inclinent, quand il se met debout, ils font de même. Quand il se prosterne, ils se prosternent. Même si l’imam commet une erreur et ne le corrige pas, même après un rappel, tous les disciples doivent le copier. Interroger l’imam pendant la prière n’est pas autorisé. Tous font face à la même direction. Tous, sans exception, font face au premier lieu de culte jamais construit pour le bénéfice de l’humanité. Il n’est permis à personne de s’octroyer une place spéciale derrière l’imam. À cet égard, riches et pauvres, jeunes et vieux, sont traités avec égalité absolue. Celui qui arrive à la mosquée avant les autres a le choix de s’asseoir où bon lui semble. Personne n’a le droit d’enlever une personne de la place qu’elle occupe, sauf pour des raisons de sécurité, etc., auquel cas cela devient une mesure administrative. Ainsi, le système de prière islamique est riche non seulement en enseignement spirituel, mais aussi en enseignement communal et organisationnel.
Toutes les mosquées sont fréquentées cinq fois par jour, une tâche qui semble être trop bien exigeante pour un observateur extérieur. Cet aspect doit être davantage expliqué pour construire une image plus complète du rôle des prières en commun dans la façon de vivre des musulmans. Bien entendu, dans une société musulmane idéale, où les mosquées sont construites à la portée de tous les citoyens, les cinq prières collectives quotidiennes deviennent une routine dans la vie de tous les musulmans. La prière du midi, qui est habituellement la plus problématique, est effectuée dans les sociétés musulmanes pendant la pause du midi au travail. Ainsi, la pause déjeuner est légèrement étendue afin de laisser un temps pour les offices de la prière. La prière suivant cette dernière est celle de l’après-midi, qui est faite presque immédiatement au retour du travail dans une journée ordinaire. Ensuite, aucune prière n’est permise jusqu’après le coucher du soleil. Le temps entre les deux est consacré à des activités de plein air comme les sports, le shopping, les promenades, les visites à des amis et les parents, etc. C’est une période de détente où les prières sont pratiquement interdites, sauf le souvenir silencieux de Dieu qui devient une constante chez certains croyants. La nuit du croyant débute par la prière du coucher du soleil, après quoi un temps est une fois de plus réservé à la détente, aux repas, et ainsi de suite. La nuit se termine par la dernière prière appelée Isha avant de retirer pour aller se coucher. Il est déconseillé de rester éveillé après Isha et de se laisser aller à des potins et de vains discours, etc.
Les musulmans sont encouragés à développer la bonne habitude de se coucher tôt pour se lever tôt. Le jour, le lendemain matin, commence habituellement dans les petites heures avant l’aube. La prière qui est effectuée à la fin de la nuit est appelée Tahajjud. Elle n’est pas obligatoire, mais c’est une prière optionnelle très fortement préconisée. L’aube ouvre la voie à l’heure de la prière du matin, qui est appelée Al-Fajar. Des prières optionnelles ne sont pas recommandées entre Fajar et le lever du soleil, pour des raisons évidentes. Puis jusqu’à Zuhar, la prière de midi, seules deux prières optionnelles sont mentionnées; autrement cette période pré-Zuhar est passée à accomplir les activités routinières de la vie quotidienne.
Observant l’institution de la prière dans l’Islam sous un autre angle, il est intéressant de noter combien elle est bien organisée, disciplinée et complète. Il y a certaines prières collectives au cours desquelles la récitation du Coran se fait, d’une voix élevée et audible, d’un ton semi-chant, qui n’est pas exactement conforme à la notion de chant, mais qui a un ton rythmique profondément pénétrant. Le Saint Prophète (p.s.s.l) a également conseillé qu’il devrait y avoir une ombre de tristesse dans le ton avec lequel on récite le Coran; ce qui rend la récitation plus touchante, le sens des versets pénétrant plus profondément dans les replis du cœur. Dans certaines prières, notamment les deux prières de l’après-midi, il n’y a pas de récitation audible; cela sied à l’ambiance générale de ces moments de la journée. Même les oiseaux cessent de chanter pendant les premières parties de l’après-midi et il y a un air général de silence couvrant le brouhaha du travail normal. La prière du matin, la prière après la coucher du soleil et la prière après la tombée de la nuit comprennent des moments où la récitation des versets est la pratique courante.
La prière peut être divisée en deux catégories. Comme pour les prières en congrégation, les prières individuelles sont également fortement conseillées. Dans les prières collectives, la société rend hommage à Dieu collectivement et ouvertement. Dans les prières individuelles, l’accent est mis sur l’intimité, et elles ne devraient pas être étalées au grand jour. De même, la prière de fin de nuit est effectuée dans une intimité parfaite. Les membres de la même maison tentent de trouver leurs propres niches, et même mari et femme cherchent à offrir leurs prières séparément afin que la communion avec Dieu devienne une affaire très personnelle.
Il a été observé que l’institution de la prière en congrégation cinq fois par jour fonctionne très bien depuis plus de mille quatre cents ans, pour la protection et la préservation de cette sainte institution. Les mosquées sont les piliers dans le respect de cette noble institution vivante. Elles servent également de centres d’éducation pour jeunes et vieux, et tout au long de l’histoire, elles ont joué le rôle le plus important dans l’enseignement religieux et l’instruction.
Les lieux de culte dans l’Islam, collectifs ou privés, sont maintenus dans une propreté méticuleuse. Tout le monde doit enlever ses chaussures avant d’entrer dans de tels endroits. Bien que dans chaque prière l’adorateur doive toucher le sol avec son front, parfois brièvement et parfois pendant de longs instants, il est surprenant de constater qu’aucune maladie de la peau n’a été transmise de front en front dans la société musulmane. Certains l’attribuent à un haut niveau de propreté et d’autres à la bénédiction de Dieu, mais ceci est un fait bien observé.
En ce qui concerne le contenu de la prière, ils sont de deux types:
- Une récitation de routine formelle des versets du Coran et d’autres prières qui se font essentiellement dans la langue du Coran, qui est l’arabe. Tous les fidèles sont censés connaître la signification de ce qu’ils sont en train de réciter, sinon ils se privent de l’immense bénéfice qu’ils pourraient tirer d’une récitation intelligente.
- La deuxième catégorie contient les prières individuelles récitées dans sa propre langue, dans laquelle l’on est libre de prier comme il nous plaît. Cette deuxième catégorie est sujette à controverses car plus d’une école de jurisprudence interdit de telles pratiques et insistent sur la récitation de la forme prescrite uniquement, indépendamment du fait que l’adorateur comprenne ou pas. Cependant, ces écoles comprennent la nécessité des prières privées et personnelles, et suggèrent de prier dans sa propre langue après la prière formelle et non au cours de celle-ci. Nous, musulmans ahmadis, recommandons et pratiquons la première option qui est de prier Dieu dans sa propre langue comme on le souhaite pendant la prière formelle.
Comme nous l’avons amplement démontré ci-dessus, l’institution de la prière islamique est hautement développée, où l’individu est tenu de prier cinq fois par jour, à la fois individuellement et en congrégation avec autrui. La prière islamique joue donc un rôle important dans la vie d’un musulman et dans l’éducation spirituelle et morale de l’individu.