Le jeûne

Le jeûne est une forme d’adoration universelle que l’on trouve sous différentes formes dans les religions du monde entier. Bien qu’il existe de grandes différences concernant son mode d’application et les conditions qui lui sont rattachées, le jeûne est une idée centrale présente partout. Là où il n’est pas mentionné clairement, il est probable qu’il ait été progressivement abandonné ou délaissé par une érosion graduelle de la pratique. Le cas du Bouddha est un exemple intéressant. Il a commencé sa quête de la vérité par une forme sévère de jeûne, mais on dit qu’il abandonna plus tard cette pratique parce qu’elle avait eu un effet négatif sur sa santé. Dans cette perspective, on peut comprendre pourquoi il arrêta, mais cela ne saurait en aucune manière indiquer qu’il avait cessé de croire aux bienfaits du jeûne. C’est peut-être pourquoi certains Bouddhistes, ici et là, observent toujours une certaine forme de jeûne.

Le jeûne dans l’Islam est une institution hautement développée qui doit être étudiée en profondeur. Il existe deux types d’injonctions en ce qui concerne le jeûne : l’une a trait au jeûne obligatoire et l’autre au jeûne optionnel.

Le jeûne obligatoire est divisé en deux catégories :

1. Il y a un mois complet chaque année où le jeûne est prescrit pour les Musulmans du monde entier. Comme c’est un mois lunaire, il ne cesse de changer d’année en année contrairement aux mois solaires. Cela crée un équilibre universel pour les fidèles. Le jeûne qui s’observe pendant les mois d’hiver est relativement plus facile car les journées sont plus courtes et les nuits plus longues, alors que pendant les mois d’été, les jours deviennent plus longs et exigeants. Comme les mois lunaires permutent toute l’année, les Musulmans alternent, dans toutes les régions du monde, entre des périodes de jeûne faciles et des périodes de jeûne plus ardues.

Le jeûne dans l’Islam commence partout à la première apparition de l’aube et se termine avec le coucher du soleil. Pendant cette période, l’on s’abstient entièrement de toute nourriture et de toute boisson. Ce n’est pas la faim et la soif physique qui constituent le jeûne musulman en soi, mais ce sont les nuits avant le début du jeûne qui acquièrent un caractère beaucoup plus important et jouent un rôle central dans l’institution du jeûne : les Musulmans se réveillent plusieurs heures avant l’aube pour prier individuellement et se souvenir de Dieu. De plus, le Saint Coran est récité dans chaque foyer musulman beaucoup plus que lors des jours ordinaires. Une grande partie de la nuit est donc consacrée à des exercices spirituels qui font l’essence même du jeûne.

Durant la journée, en dehors de la privation de nourriture et d’eau, tous les Musulmans sont grandement exhortés à ne pas s’engager dans de vains discours, des querelles et des combats, et à se garder de toute occupation indigne d’un vrai croyant. Aucun assouvissement du plaisir charnel n’est permis : mari et femme, durant la journée, mènent des vies séparées, à l’exception des relations humaines formelles propres à tous les peuples.

Dans l’Islam, l’aumône et l’assistance aux plus démunis sont si fortement recommandées qu’elles deviennent partie intégrante de la vie quotidienne du Musulman. Mais lors du Ramadan, le mois du jeûne, les Musulmans sont tenus de redoubler d’efforts dans ce sens. Il est rapporté du Saint Prophète (pssl) que donner pour la cause des pauvres était pour lui une pratique quotidienne et routinière, semblable à une légère brise qui ne cessait d’apporter confort et réconfort aux nécessiteux. Toutefois, pendant le mois du Ramadan, les rapporteurs de hadiths – paroles du Saint Prophète (pssl) – nous rappellent que cette brise semblait gagner en intensité et soufflait comme des vents forts. L’aumône et l’assistance aux pauvres sont si fortement accentuées que, dans aucune autre période de l’année, les Musulmans ne se livrent à de telles pratiques de charité comme ils le font durant le mois de Ramadan.

2. D’autres jeûnes obligatoires sont le plus souvent liés au pardon des péchés par Dieu. Cela inclut également la violation des jeûnes obligatoires.

Le jeûne optionnel est si fortement encouragé qu’il devient une partie du mode de vie du Musulman pratiquant. Bien que la majorité des Musulmans n’aille pas au-delà du mois de jeûne obligatoire, certains observent des jeûnes de temps à autre, surtout dans des moments de difficulté. Comme on s’attend en général à ce que les prières offertes durant le jeûne soient plus productives, certaines personnes font des jeûnes supplémentaires pour conjurer leurs problèmes, mais certains ne le font que pour gagner les faveurs spéciales d’Allah. Il n’y a pas de limite à cela, sauf que le Fondateur de l’Islam a fortement découragé ceux qui avaient juré de jeûner continuellement toute leur vie. Quand le Saint Prophète (pssl) vint à entendre parler d’un tel cas, il désapprouva cette pratique et dit à l’homme que c’était comme s’il tentait d’obtenir sa délivrance en forçant sa volonté sur Dieu. Il dit à la personne concernée : « En vous mettant ainsi à mal et en indisposition, non seulement serez-vous incapable de plaire à Dieu, mais vous pourrez même réussir à gagner son mécontentement. Il souligna qu’un tel accent mis sur l’austérité serait susceptible de rendre négligeant quelqu’un envers son épouse et ses enfants, ses parents et amis, etc.

Le Saint Prophète (pssl) lui rappela précisément ses responsabilités en matière de relations humaines : « Faites votre devoir envers Dieu ainsi qu’envers la Création de Dieu équitablement ». Pour certains, après qu’ils aient insisté d’une manière irritable, le Prophète (pssl) autorisa des jeûnes facultatifs mais uniquement dans le style de David, que la paix soit sur lui. Le Saint Fondateur de l’Islam leur dit que c’était la pratique de David de jeûner un jour et s’abstenir de le faire le jour d’après. Tout au long de sa vie, après avoir fait ce vœu, David jeûna un jour sur deux. Alors, le Saint Prophète (pssl) dit : « Je ne peux que vous autoriser autant et pas plus. »

L’institution du jeûne est extrêmement importante car elle cultive le croyant dans presque tous les domaines de sa vie spirituelle. Entre autres choses, il apprend par expérience personnelle ce que la faim, la pauvreté, la solitude et les indispositions ont comme effet sur les tranches les moins fortunées de la société. Le renoncement à des pratiques autorisées en temps normal joue, durant le mois de Ramadan, un rôle constructif dans le raffinement du caractère humain.